Braquage (raté) à l’italienne

En voiture et entré directement au musée…

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En 1996, dans le sillage accidenté de Crash, Cronenberg, amateur notoire de courses automobiles et de voitures de luxe (« Soulever le capot d’une Ferrari, c’est comme plonger dans le cerveau de son concepteur » disait-il naguère), écrit le scénario de Red Cars (pas celles de Pixar, so). Le projet d’un film sur la Formule 1 remontait à dix ans en arrière, quand l’auteur de Fast Company et Cosmopolis faisait du repérage en Australie et au Mexique, avec l’aval de Ned Tanen, alors executive à la Paramount, et à l’instigation de Bernie Ecclestone, homme d’affaires britannique et principal financier du sport auto d’alors. Faute de crédits suffisants, le projet tomba dans le fossé des films inaboutis, à rêver (avec ou sans ceinture de sécurité), puis resurgit le temps d’un « livre d’art » voulu tel et paru en 2005 en Italie.

Placé sous la direction (assistée) de Luca Massimo Barbero, Domenico De Gaetano et Donato Santeramo, l’ouvrage, tiré à 1 000 exemplaires, présenté à la soixante-deuxième Mostra de Venise, laissé sur le bas-côté de l’attention par la critique ou les fanatiques, accompagna une installation multimédia (240 panneaux et une vidéo de dix minutes) exposée à Rome et Estoril, coûte aujourd’hui 250 euros, comporte 194 pages, une couverture en aluminium, des photos d’archives de la Scuderia, une maquette de modèle au cheval cabré par Brumm et représente censément la carrosserie de la F1 156 aux allures de squaleL’histoire ? La rivalité internationale, sise dans les années 60, entre l’Américain Phil Hill et l’Allemand von Trips (en 2013, le temps de Rush, Ron Howard illustrera un autre duel sur roues, lui aussi inspiré d’une « histoire vraie », celui de James Hunt, venu d’Angleterre, avec le légendaire Niki Lauda). Morale du lièvre et de la tortue, en quelque sorte, pour le réalisateur, parti trop tôt dans le décor de berlines assassines, davantage perçues et utilisées en laboratoires sexuels ou moyens de locomotion psychiques et claustrophobiques, qu’en cercueils roulant À tombeau ouvert ou témoins abstraits d’une époque et d’un pays (la France gaulliste) définitivement révolus (Le Mans, pas si loin de Tati).

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